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8.20.2006

Les Arts du Chemin : nature et spectacle, par Denis Lecat


Les Arts du Chemin : nature et spectacle, par Denis Lecat
Contribution de Denis LECAT, chargé de programmation des spectacles vivants au Domaine Départemental de la Roche Jagu

La nature est le spectacle, dans le sens "la nature est spectaculaire". Le spectacle n'est pas naturel. La nature hait le vide, dans le sens "la nature a horreur du vide". Le spectacle hait l'espace vide, dans le sens "il aime remplir l'espace". De la nature à l'espace, du spectacle au temps, le chemin lie le temps et l'espace. La nature s'en contentera.

Le spectacle et la nature. La nature et le spectacle. Le spectacle de la nature et la nature du spectacle. Spectacle vivant, ça se comprend ; nature vivante, ça va de soi, cela vient à soi, même, comme dirait le ver. Attention, si vous perdez pied, lui le ver l'a … pied.

Verdure, herbe, arbre, champ, champignon, agriculture, culture, culture des champs, champs de la culture, nature cultivée, culte de la nature, culture champêtre.

La culture du champ.

La culture tient de l'agriculture de délimiter des champs à travailler : champs d'interprétation, champs d'expérimentation, champs d'interpénétration, champs d'élaboration.
Et même des chan-sons. Oui, les champs aux chansons, la France a raison.

Attention, rien à voir avec cette définition d'échanson :
Echanson, nom masculin
a) Ancienne acception : officier servant à boire à la table d'un seigneur
b) Familier, pour plaisanter : personne qui sert à boire
Exemple : Toute la soirée, il s'est montré un échanson zélé.
Autre exemple : Les jardiniers et le climat breton sont des échansons zélés des petites plantes de la Roche Jagu.

Et nous voilà revenus à la nature de l'art, nous qui sommes, pauvres bêtes de somme de la culture, des sommes d'interrogations, des sommités peut-être, des têtes en tout cas et des têtes de l'art, sûrement, et qui réfléchissons au comment l'art émerge. Pas pourquoi. Comment.

Ce nouveau champ des arts du chemin se dessine et nous ouvre, à nous, programmateurs, artistes, élus, responsables de lieux et de structures, des horizons jusque là encore peu explorés. Quels champs, et, au débotté, quels débouchés ? hé bien voilà quelques horizons :

1°) L'horizon esthétique :
On ne sut jamais qui de la poule ou de l'œuf pondit le premier. L'artiste investit un jour le lieu naturel et inventa le Land Art, l'art dans le paysage, l'installation, la performance. D'autres lieux s'ouvrirent aux artistes et la contrainte, comme le cachet de la poste, firent foi d'une nouvelle profession : comédien de jardin. Car tout conte est bon à la nature de l'homme, et la nature invite à la danse depuis, à tout le moins, le temps des bacchanales. Définition :
Bacchanales : dans la Rome antique, rites cultuels célébrés en l’honneur de Bacchus, dieu de la Végétation, de la Vigne et du Vin, etc... Rien à voir avec le canal qui s'est pendu dans la Plat Pays de Brel. Bas canal…

2°) l'horizon politique : C'est évidemment un horizon social et écologique qui se joue dans ces arts du chemin. Car il faut rendre à ces arts ce qui appartient à ces arts : c'est qu'ils créent du lien dans le lieu, et avec le gens, bien entendu. Par delà les discours et le langage, d'autres langages se nouent et d'autres discours se jouent. Le corps au pied de la lettre dans le cas de la danse. Et les gens, dans tout ça : Ça se parle, ça se côtoie, ça oublie la télé, ça distrait la racaille.
Hors des sentiers battus, hors des conventions, les hommes dans la nature, nous l'observons, mènent d'autres comportements. Le sujet se prête plus volontiers à l'intime, au corps, à la matière, aux éléments, ou à la plus haute philosophie et aux sciences de l'esprit, sans s'encombrer des codes sociaux liés à l'environnement urbain. Tous pareils, tous dans le même bain, bain moussant vert, biodégradable, bien sûr.
Et ça sensibilise à l'environnemental. Envie rondement menée d'aimer la nature, car l'on respecte mieux ce que l'on apprend à connaître. Ben oui, si tu as compris qu'un arbre ça pouvait servir à accrocher une danseuse, tu le respectes, l'arbre, tu ne t'appuies plus dessous, mais tu attends éventuellement la prochaine danseuse qui en tomberait, mûrie, à la belle saison, pour y cueillir la graine de créativité. En attendant, tu caresses l'herbe, et tu regardes le paysage, sage pays des pensées qui passent, muettes, alimentées par le vent. Pendant ce temps qu'Eole t'essouffle. Définition :
Eole : Éole, dieu des Vents, dans la mythologie grecque, mais également roi de Magnésie.
Magnésie : oxyde de magnésium sous forme de poudre blanche parfois utilisée dans la pratique de la gymnastique acrobatique pour améliorer les prises des mains sur les agrès ou encore dans la pratique de l'escalade pour réduire la transpiration des mains. L'utilisation de cette poudre est nuisible au rocher, en particulier le grès. Il est conseillé de se servir de colophane.
Je ne vous donne pas la définition de colophane, qu'on appelle aussi pof, et dont on frotte également les archets de violon.

3°) L'horizon économique : C'est sur le chemin du tourisme et de la culture, du développement des territoires que les arts du chemin peuvent aussi agir. Offrir de nouveaux champs de prospection aux artistes, c'est favoriser la création et la diffusion des œuvres, permettre de nouvelles rencontres entre les spectateurs et les artistes. C'est encore aider les lieux qui cherchent à attirer de nouvelles populations, et de nouveaux publics.

Alors bref… Trouver une définition des arts du chemin semble se révéler être un ardu chemin. Il faudrait pour cela plus longtemps sans doute regarder les lézards des chemins, et lézarder sur les chemins qui lézardent eux-mêmes entre terre et chlorophylle, et prendre le soleil et la parole comme on prend des coups, des coups d'art, des coups d'poignard dans l'dos d'l'hypnose quotidienne, des coups d'soleil dans la conscience, et des réveils au chant d'la faune.

Donc, pour ainsi dire, vous l'avez compris, je n'ai pas vraiment trouvé de définition pour les arts du chemins. Et cela justifie sans doute notre présence à tous. Mais si vous y tenez vraiment, en voici quelques autres. Alors, en vrac :
- lézard n.masc., petit reptile à pattes / ex : une mue de lézard, autre exemple : il fait le lézard (c'est-à-dire le paresseux) / lézarder v., c'est paresser au soleil, ex : il passe son temps à lézarderet aussi
- chemin n.masc., voie, parcours, direction, ex : faire un chemin par étapes, comme ce réseau, ou bien autre exemple : trouver son chemin de Damas, c'est-à-dire se convertir, comme tous ceux qui y viendront un jour, tôt ou tard, aux arts du chemin. C'est aussi au sens figuré une conduite à suivre, un moyen, voire une situation.
On sait part exemple que le chemin de la gloire est épineux, surtout si on s'arrête en chemin. Evidemment, le classique et ferroviaire chemin de fer, nom masculin, qui est un moyen de transport, de transport amoureux pour ceux qui savent le prendre du bon côté. Mais je déraille.
Continuons à cheminer dans les définitions, s'il vous plaît, je sens qu'on se rapproche de quelque chose. Cheminement, par exemple. Cheminée, oui, bon. Tiens, oui,
- art… mais là attention
NE PAS CONFONDRE
arrhes n.fém. plur., paiement partiel
are n.masc., qui est une surface, alors que nous cherchons la profondeur.
Et enfin, celui qui nous intéresse : art n.masc., qui est à la fois un moyen, et une activité utilitaire ou esthétique. Vous connaissez l'art de plaire , les arts ménagers, les arts et métiers, l'art musical, les beaux-arts, etc. Connaissez-vous les arts du chemin ?

Hé bien voilà, les arts du chemin sont (seraient ?) des spectacles explorant les rapport entre l'homme et la nature, spectacles qui seraient (seront ?) joués dans la nature.
Ex : Les arts du chemin à la Roche Jagu.

(écrit à Ploëzal, le mardi 9 mai 2006)

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